
Natif de La Chapelle-Basse-Mer, petit village situé en Loire-Atlantique, sur la rive gauche de la Loire, à quelques kilomètres de Nantes, Reynald Secher, alors adolescent, découvre les vestiges de la première église du village au hasard d’une promenade en compagnie d’un prêtre, ami de sa famille, Henri Maisonneuve. Ce dernier lui prédit qu’un jour, c’est lui, Reynald Secher, qui la restaurerait.
A l’époque, c’est un amas de pierres enchevêtrées dans les ronces et le lierre, et condamné à être détruit par un arrêté municipal en raison de sa dangerosité. Le site était même devenu une décharge où sont entassés pêle-mêle carcasses de voitures, immondices de toutes sortes et divers appareils ménagers. Voir l’image ci-dessus où l’on aperçoit à gauche la chapelle déblayée, mais néanmoins en ruines.
Reynald Secher va redécouvrir cette ruine à l’occasion du travail qu’il effectue pour sa thèse de troisième cycle intitulée, “Anatomie d’un village vendéen, La Chapelle-Basse-Mer”, thèse soutenue à l’Université de Paris IV, Sorbonne. Il se souvient alors de la prédiction de l’Abbé Maisonneuve et se promet de restaurer cette chapelle.
Pour ce faire, il la rachète le 13 mai 1992, fonde l’Association Mémoire du Futur de l’Europe dont le but est de sauver le petit patrimoine oublié, et organise pendant trente ans des camps d’été sur le site de la chapelle rassemblant des jeunes bénévoles qui vont donner de leur temps et de leurs vacances pour cette œuvre. Voir l’image ci-dessus, où nous apercevons, à droite, la chapelle entièrement restaurée.
Étant ici précisé qu’entre 1992 et 2022, plus de deux mille jeunes venus du monde entier ont participé à ces chantiers de restauration à la fois de la chapelle, puis du prieuré attenant, mais aussi de la mémoire locale ; et que la totalité des travaux ont été financés uniquement via des dons en argent ou en nature, faits notamment par des entreprises nationales et internationales.
Reynald Secher a souhaité leur rendre un hommage public en apposant un immense panneau de remerciement à l’intérieur du cloître de la chapelle. Voir l’image ci-dessus.
La restauration de la chapelle s’est déroulée en deux étapes :
Tout d’abord, la restauration s’est concentrée sur les murs et la toiture de la chapelle, vieille de mille ans, et la reconstruction de la sacristie attenante, toutes deux brûlées par la Colonne infernale Cordelier, en mars 1794. Lors de la reconstruction par les villageois, seule la chapelle avait été réédifiée et la sacristie, faute de moyens financiers, avait été rasée.
Puis, dans un second temps, Reynald Secher découvre qu’en fait cette chapelle était la chapelle d’un prieuré construit par des moines bénédictins venus de l’Abbaye de Marmoutiers, au Xème siècle. Après de fouilles plus approfondies, il découvre les vestiges des fondations ainsi que quelques tombes, fait habituel dans une chapelle datant de cette époque. Il décide alors de réédifier ce prieuré et son cloître dans des dimensions plus étendues, et de le consacrer au souvenir des guerres de Vendée à travers un Mémorial.
La journée d’inauguration de la chapelle Saint Pierre-ès-Liens du 13 mai 2022, n’a été choisie par hasard. En effet, cette date du 13 mai marque les trente ans, jour pour jour, de l’acquisition de ladite Chapelle par Reynald Secher.
Cette journée a réuni plus de mille personnes, notamment des descendants de Chouans et de Vendéens. Nous pouvons citer entre autres les famille de Cathelineau, Charette, Boisguy, Cadoudal…
L’inauguration s’est décomposée en sept temps :
– la messe célébrée par le Révérend Père Emmanuel, Abbé de l’Abbaye Sainte-Marie-de-Lagrasse ;
– les discours d’inauguration ;
– la cérémonie d’inauguration proprement dite effectuée par Philippe de Villiers ;
– le cocktail au sein du cloître ;
– le dîner, réunissant cinq cent cinquante convives ;
– un concert animé par Patrice Martineau ;
– et pour clore les festivités un feu d’artifice.

Pas moins de cinq cents personnes environ étaient présentes à la messe d’inauguration, celle-ci, en raison du nombre, a eu lieu à l’extérieur, dans le pré situé devant la chapelle. Sur la photo ci-dessus, nous voyons le clergé en procession se dirigeant, sous un soleil radieux, vers le lieu de la célébration de la messe.

A 15 heures précises, le Révérend Père Emmanuel, Abbé de l’abbaye Sainte-Marie-de-Lagrasse célèbre la messe qui s’est achevée par le chant du « Vexillia Regis “, cantique religieux chanté par les Vendéens, en 1793.

Pour le prononcé des discours, se sont succédés :
– le Révérend Père Emmanuel, aumônier des premiers camps, qui a raconté ses souvenirs et mis l’accent sur la profondeur de l’œuvre ;
– Son Altesse Royale Charles-Emmanuel de Bourbon de Parme, lequel a tenu à saluer le travail accompli et à expliquer l’action des Bourbons pour remercier les Vendéens entre 1814 et 1830 ;
– Reynald Secher, qui a rappelé les grandes phases du chantier, le but mémoriel de l’œuvre, et a tenu particulièrement à remercier les bénévoles et les donateurs ;
– Daphné du Barry, sculpteur mondialement connu, qui a sculpté les bronzes grandeur nature du Recteur Pierre-Marie Robin, prêtre réfractaire de La Chapelle-Basse-Mer, et celui représentant les noyades de Nantes.
– François Mortegoutte, Président Directeur Général des maçons parisiens, qui a expliqué les motivations de son soutien et de ses dons à l’Association Mémoire du Futur de l’Europe ;
– Hubert des Minières, sponsor fidèle depuis une douzaine d’années ;
– Alain Savariau, sculpteur des bustes des chefs vendéens, exposés dans la salle du Mémorial et ami fidèle de l’Association Mémoire du Futur de l’Europe.
– et enfin, Philippe de Villiers, ancien président du conseil général de Vendée et créateur du spectacle du Puy du Fou, qui a salué le travail réalisé, rendu hommage à titre personnel à Reynald Secher, notamment pour son travail intellectuel et tenu en haleine ses auditeurs par un brillant discours sur la Guerre de Vendée, la volonté de défendre les idéaux, les valeurs morales, la religion catholique, les combats, les héros et les martyrs.

Le R. P. Emmanuel procède à la bénédiction et à la consécration de la Chapelle Saint-Pierre-ès-Liens.

Philippe de Villiers inaugure le Mémorial en coupant un ruban rouge et blanc aux couleurs de l’association « Mémoire du Futur de l’Europe ». Les ciseaux étaient posés sur un coussin portant le logo de l’Association, porté par l’aîné des petits-fils de Reynald Secher, Amaury, fils de Tristan Secher. Ci-dessus, sur la photo, nous reconnaissons Philippe de Villiers, Amaury Secher, Tristan Secher, fils de Reynald Secher, et Son Altesse Royale le prince Charles-Emmanuel de Bourbon de Parme.

Après la messe et les discours, un cocktail est offert aux participants sous les arcades du cloître néo-gothique et dans le préau.

Les personnes présentes ont pu visiter librement les différentes salles du Mémorial et les diverses cryptes souterraines. Au centre de la salle principale du Mémorial, se trouve une imposante sculpture en bronze évoquant les noyades de Nantes, représentant un homme quasiment englouti par les flots et tendant vers le ciel un crucifix, et une femme essayant de sauver son enfant en le maintenant au-dessus de l’eau. Sur la photo ci-dessus, nous reconnaissons, à gauche, Daphné du Barry, auteur de cette sculpture, et à droite, Anne Brassié, écrivain, journaliste à la chaîne de TV Liberté.

Œuvre du même sculpteur, la statue en bronze du recteur Pierre-Marie Robin, prêtre réfractaire de La Chapelle-Basse-Mer, de 1790 à 1805, année de sa mort.

Les murs de la salle du Mémorial sont recouverts d’une immense toile peinte, œuvre du peintre américain, Robert Prouty, d’une longueur de soixante mètres et d’une hauteur de deux mètres, représentant les grands moments des Guerres de Vendée, notamment les scènes tragiques de son anéantissement et de son extermination.
1 – La Révolution (le serment du jeu de Paume), 2 – Le tirage au sort de la conscription, 3 – Les paysans venant chercher Cathelineau, 4 – Une embuscade, 5 – La traversée de la Loire, 6 – La mort de Bonchamps, 7 – La virée de Galerne, 8 – Les noyades de Nantes, 9 – Turreau et les bleus, 10 – Le passage des colonnes infernales, 11 – Les exactions des colonnes, 12 – L’exécution de Charette, 13 – Le Concordat etc…
Par ailleurs, les bustes représentant les sept principaux généraux de l’insurrection vendéenne sont exposés. Actuellement trois sont déjà réalisés et présentés au Mémorial : Charette, La Rochejaquelein et Stofflet, les autres sont en cours de réalisation par leur sculpteur Alain Savariau.

Pendant tout le temps laissé à la visite des lieux, des expositions et ventes de livres, gravures, objets sur les guerres de Vendée sont organisées sous les arcades du cloître. Diverses maisons d’éditions étaient représentées, dont les éditions La Chouette de Vendée, présentes avec trois de leurs auteurs pour tenir le stand et assurer les dédicaces : Michel Vrignaud, Morgan Lazartigues et Élisabeth Cougnaud.

A partir de 20 heures, un dîner réunissait cinq cents cinquante convives.
Nous reconnaissons ci-dessus à la table d’honneur, de gauche à droite : SAR le prince de Bourbon de Parme, Monsieur Eric Vigean (directeur de l’huilerie éponyme), SAR la princesse de Bourbon de Parme, Monsieur Philippe de Villiers, le R.P. Emmanuel, Madame Philippe de Villiers, Monsieur François Mortegoutte (PDG des maçons parisiens), l’abbé Dominique Malmezat (descendant de Cathelineau et curé de la cathédrale de Gap) et Monsieur Jean-Pierre Robert.

Le service du dîner a été magistralement géré par Madame Ghislaine Herbreteau-Gerbaud, Monsieur et Madame Hubert des Minières et Mademoiselle Elisabeth Cougnaud, aidés d’une équipe de bénévoles.


Cette inoubliable journée s’est achevée par un concert donné par Patrice Martineau et un feu d’artifice, tiré à minuit.
Maurice Bedon
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